Après un charmant petit ballet (Ma Mère l’Oye) dansé par les élèves de l’école de danse de l’Opéra de Paris sur une délicieuse partition symphonique de Maurice Ravel, nous découvrons cette œuvre très courte (45 minutes), conte fantastique écrit par Colette qui fut une admiratrice du maitre. Difficile à mettre en scène, cette fantaisie composée après la grande guerre relate l’histoire d’un enfant capricieux qui voit se rebiffer les objets (tasse, théière, horloge, etc.) et les animaux (chauve-souris, écureuil, etc. et chat bien entendu) qu’il a martyrisés. Réalisés par les metteurs en scène Richard Jones et Antony McDonald, les décors et accessoires sont magnifiques et restituent habilement l’univers poétique et onirique dans lequel nous sommes transportés, sans oublier une dose d’humour fort à propos. Les costumes sont tout particulièrement réussis, entre celui d’un monsieur muscle body-buildé, d’une chanteuse de cabaret ou ceux des divers animaux en furie contre l’enfant. Chaque tableau propose des compositions musicales différentes et très variées, empruntées au music-hall et d’une créativité exceptionnelle, parfaitement mises en avant par la direction précise de Patrick Lange et un orchestre en bonne forme. Lyriquement, de nombreux artistes sont à l’honneur, chacun ayant à tour de rôle son court aria et tous d’homogène qualité. On met toutefois en avant Seray Pinar dans le rôle omniprésent de l’enfant dont on mesure la qualité du registre. La texture soyeuse du timbre, les aigus limpides et puissamment projetés et un bas-medium chaleureux donnent envie de revoir la mezzo turque dans une œuvre plus consistante. Son très connu « air de l’enfant » fut chanté avec douceur et poésie. Une gentille petite soirée donc qui a enchanté un public venu en nombre, et d’une moyenne d’âge sensiblement moindre qu’à l’accoutumé.
Ma Mère l’Oye Suite (1911)
Musique : Maurice Ravel (1875-1937)
Direction d’orchestre : Patrick Lange
Chorégraphie : Martin Chaix Choreographer
Direction de choeur : Henri Chalet
Décors : Camille Dugas
Costumes : Alexandar Noshpal
Lumières : Tom Klefstad
Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris
L’Enfant et les Sortilèges (1919-1925)
Musique : Maurice Ravel (1875-1937)
Livret : Colette
Direction musicale : Patrick Lange
Chef des Chœurs : Henri Chalet
Mise en scène, décors, costumes : Richard Jones et Antony McDonald
Lumières : Matthew Richardson
Chorégraphie : Amir Hosseinpour
Distribution
Cornelia Oncioiu : Maman, La Tasse chinoise, La Libellule
Seray Pinar : L’Enfant
Lisa Chaïb-Auriol, Soprano : La Chauve-Souris, La Bergère Louis XV
Teona Todua : La Princesse
Emy Gazeilles : Le Feu, Le Rossignol
Sofia Anisimova : La Chouette, Un pâtre
Sima Ouahman : Une pastourelle
Amandine Portelli : La Chatte, L’Écureuil
Thomas Ricart : Le Petit Vieillard, La Rainette, La Théière
Andres Cascante : Le Chat, L’Horloge comtoise
Luis Felipe Sousa : Le Fauteuil
Avec la participation des élèves de l’Ecole de Danse de l’Opéra national de Paris
Artistes en résidence à l’Académie
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Avec la Maîtrise Notre-Dame de Paris, chœur d’adultes
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Paris, Opéra Garnier – Jeudi 23 novembre 2023, 19:30