Le Domino Noir, à l’Opéra-Comique 

L’Opéra-Comique propose rarement des reprises d’anciennes productions. Il le fait pourtant cette année. Le Domino Noir ouvre la nouvelle saison avec la production qui nous avait déjà enchanté en 2018. Première incursion alors du fantaisiste duo Hecq-Lesort dans la mise en scène d’opéra, on y retrouve tout ce qui fait leur sel : créativité, imagination, surprises, marionnettes et gags désopilants.

Trois jolis décors campent le cadre de l’action : la salle de bal de la Reine d’Espagne d’abord, les salons de Juliano au deux et le couvent pour finir. Les costumes sont splendides, avec de nombreuses allusions animalières, des coiffes détonantes et des couleurs chamarrées. Angèle passe sa dernière soirée au bal de la reine avant de prendre le voile mais ne rentre pas à l’heure au couvent et se retrouve à changer plusieurs fois d’identité et de projet, suivie à la trace par Horace, son amoureux éperdu. 

Le casting est sensiblement le même qu’il y a six ans, très homogène avec une troupe qui s’amuse et nous amuse. Typique de l’opéra-comique, les dialogues sont autant chantés que parlés et la direction scénique dynamique entraine une action qui ne faiblit jamais, émoustillant l’œil à chaque nouveau tableau. 

Lyriquement, le spectacle s’avère d’excellent niveau, avec d’entrée un joli trio entre Horace, Angèle et Brigitte. Cette dernière est incarnée par Victoire Brunel, mezzo au timbre clair et d’une jolie musicalité. Cyrille Dubois campe un Horace quelque-peu benêt, à la ligne de chant très droite et doté d’une large tessiture. Sa palette complète lui permet aisément de passer tous les registres de la partition, et sa présence scénique est plus que convaincante. Il nous gratifiera d’un superbe aria solo au troisième. Anne-Catherine Gillet incarne une Angèle transformiste, passant d’inconnue sous domino à servante aragonaise pour finir en abbesse putative au couvent. La soprano dispose d’un instrument charmant, capable d’envoyer des aigus souple et soyeux – à la limite du colorature par instant. Ses pianis sont délicats, tout comme les quelques trilles qu’elle nous offrira au cours de sa prestation. Elle sera très chaleureusement ovationnée aux saluts. A l’unisson, les seconds rôles participent au succès du spectacle. On retiendra le Lord Elfort de Laurent Montel et son irrésistible accent anglais ainsi que la pétulante Marie Lenormand en Jacinthe burlesque. 

A la baguette, l’impeccable Louis Langrée conduit l’orchestre de chambre de Paris avec précision et dynamisme. La partition est enjouée, brillante par instant et aussi légère que le spectacle qui aura comblé une salle Favart qui affichait complet. 

Le Domino Noir, Auber 

Production : Opéra Comique
Direction d’orchestre : Louis Langrée
Mise en scène : Valérie Lesort, Christian Hecq 

Distribution
Juliano : Léo Vermot Desroches
Jacinthe : Marie Lenormand
Gil Perez : Jean-Fernand Setti
Lord Elfort : Laurent Montel
La Tourière : Isabelle Jacques
Ursule : Sylvia Bergé
Angèle de Olivarès : Anne-Catherine Gillet
Horace de Massarena : Cyrille Dubois
Brigitte de San Lucar : Victoire Bunel 

Équipe artistique
Chorégraphie : Glyslein Lefever
Décors : Laurent Peduzzi
Costumes : Vanessa Sannino
Lumières : Christian Pinaud
Son : Dominique Bataille
Revival Stage Director : Laurent Delvert
Direction de choeur : Joël Suhubiette
Marionnettiste : Valérie Lesort, Carole Allemand 

Orchestre de Chambre de Paris
Le Chœur de Chambre Les Éléments 

Coproduction
Opéra Royal de Wallonie
Opéra de Lausanne 

Paris, Salle Favart le mardi 24 septembre 2024

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