Pour ouvrir sa saison, l’institution propose cette œuvre légère qui fait partie des quatre spectacles les plus joués ici-même mais qui n’avait pas été donnée depuis plus de 80 ans. La production est confiée à Richard Brunel, directeur de l’Opéra de Lyon par ailleurs et qui a choisi de transposer l’action de la période du Directoire à celle de mai 68. On aurait pu imaginer l’exercice périlleux, voire bancal puisque le livret fait référence à plusieurs reprises au Directoire, à la République ou à Barras. Mais finalement, cela passe bien et on se focalise principalement sur les intrigues amoureuses et contrariées des différents protagonistes. Le décor est très réussi, passant (sur une tournette) d’une usine automobile en proie aux manifestants à la chambre de Mademoiselle Lange, puis à la salle du cinéma de l’Odéon et même à une discothèque. Avec les costumes chatoyants et bigarrés des interprètes, l’œil est constamment sollicité de façon réjouissante, d’autant que la m e s est très dynamique. Le plateau lyrique est de belle facture et bien homogène : si en Ange Pitou Julien Behr manque un peu de volume sonore, Pierre Derhet propose un excellent Pomponnet, candide et touchant. Sa voix est bien timbrée, la portée est large et la projection rectiligne. Matthieu Lécroart excelle dans son Larivaudière désopilant. Le baryton dispose d’imposants moyens, le timbre est chaud et la palette large. Il démontre par ailleurs de remarquables qualités de comédien ! Chez les femmes, la facétieuse Hélène Guilmette (dans le rôle-titre, à savoir Clairette) s’active avec dynamisme. Son registre vocal est étendu, avec des aigus rayonnants et puissamment projetés mais également une belle aisance dans le medium. Elle sera chaleureusement applaudie aux saluts. Enfin Véronique Gens campe une mademoiselle Lange élégante. Habituée des lieux, elle n’est manifestement pas des plus à l’aise dans le registre comique ou opérette mais la voix est là, sur une palette étendue et techniquement irréprochable. Son grand duo avec Clairette restera un des moments remarquables de la soirée. Hervé Niquet dirige avec précision (et humour !) son orchestre veillant à l’équilibre entre la fosse, les chœurs (excellents par ailleurs) et les solistes. La soirée a été longuement salué par un public ravi. Sans faire partie des œuvres majeures et inoubliables du répertoire, ce spectacle aura été très réjouissant et lance avec entrain cette nouvelle saison salle Favart !
La Fille de Madame Angot
opéra-comique en trois actes de Charles Lecocq
Livret de Clairville, Paul Siraudin et Victor Koning
créé au théâtre des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles le 4 décembre 1872, puis à Paris aux Folies-Dramatiques le 21 février 1873
Direction d’orchestre : Hervé Niquet
Mise en scène : Richard Brunel
Distribution
Clairette : Hélène Guilmette soprano
Mademoiselle Lange : Véronique Gens
Pomponnet : Pierre Derhet – Ténor
Ange Pitou : Julien Behr
Larivaudière : Matthieu Lécroart
Amarante : Floriane Derthe
Babette : Floriane Derthe
Javotte : Floriane Derthe
Hersilie : Floriane Derthe
Louchard : Antoine Foulon
Trenitz : Geoffrey Carey
Cadet : Matthieu Walendzik
Un Incroyable : Matthieu Walendzik
Un Officier : Matthieu Walendzik
Équipe artistique
Répétiteur : Marine Thoreau La Salle
Dramaturgie : Catherine Ailloud-Nicolas
Décors : Bruno de Lavenère
Costumes : Bruno de Lavenère
Lumières : Laurent Castaingt
Chorégraphie : Maxime Thomas
Assistante mise en scène : Ester Pieri
Choeur Le Concert Spirituel
Production : Opéra Comique – Page officielle
Coproduction Opéra Grand Avignon, Opéra Nice Côte d’Azur, Opéra de Lyon, Palazzetto Bru Zane
Paris, Opéra Comique – Salle Favart, soirée du mardi 3 octobre 2023 – 20:00