L’Écosse a de la chance. Deux astres s’attirent, s’unissent et vont régner. Ginevra la princesse aime Ariodante, le chevalier qui aime Ginevra, la princesse. Le roi chérit cette union comme sa fille. Polinesso, un comte qui vise le trône, ne l’entend pas de cette oreille…
Ariodante de Haendel est un chef d’oeuvre auquel la nouvelle production de l’Opéra de Paris rend un honneur musical magistral. Les pourfendeurs de décors et matadors de mises en scène attendront encore. Hier soir, de la musique, toute la musique, rien que de la musique. On plaint Robert Carsen pour ces effets de la grève. Les soirées à venir le diront pour les spectateurs… Elles confirmeront à l’évidence le talent et la pertinence du plateau et de la fosse. Matthew Brook a la tendresse du père, le poids du pouvoir et la sagesse des ans. Comme les films de James Bond, un opéra de Haendel est encore mieux avec un vrai méchant. Christophe Dumaux est terrifiant de souplesse, de virtuosité et de… spectre ! Un Polinesso de haut vol qui manipule sur plusieurs octaves la douce et tendre Tamara Banješević, une Dalinda qui tire les larmes et enterre sa honte en duo avec Eric Ferring, un Lurcanio sincère et entier. Enrico Casari est Odoardo, loyal et précis. Le couple Ariodante / Ginevra campe au sommet sur tous les modes dont use le compositeur. Pureté, expression : comme dans le livret qui nous donne deux de leurs duos dès le 1er acte, le spectateur a hâte de les voir à nouveau unis et vibre coeur et âme au souffle de chacun quand ils sont séparés. Emily D’Angelo est Ariodante, le chevalier absolu et parfait de l’amour courtois. Et Olga Kulchynska est Ginevra, la jeune et belle femme qui porte tout le poids et chaque état de sa condition. En avance sur son temps aussi dans la fosse, Haendel donne à l’English Concert qui débute ici une gamme de timbres et une palette de nuances qui font merveille sous la baguette de leur chef Harry Bicket. De quoi racheter la honte des anglais d’avoir en 1735 fait un flop à l’oeuvre et envoyé Haendel compositeur d’opéra, à la retraite ou presque.
Ariodante
Georg Friedrich Haendel
Opéra en 3 actes (1735)
Livret anonyme d’après Antonio Salvi inspiré de L’Arioste, Orlando Furioso
Direction d’orchestre : Harry Bicket
Mise en scène : Robert Carsen
Lumières : Robert Carsen, Peter van Praet
Direction de choeur : Alessandro Di Stefano
Décors : Robert Carsen, Luis F. Carvalho
Costumes : Luis F. Carvalho
Chorégraphie : Nicolas Paul
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Ariodante : Emily D’Angelo
Ginevra : Olga Kulchynska
Dalinda : Tamara Banješević – Soprano
Polinesso : Christophe Dumaux Officiel
Lurcanio : Eric Ferring, Tenor
Il Re di Scozia (Le Roi d’Écosse) : Matthew Brook
Odoardo : Enrico Casari
Chœurs de l’Opéra national de Paris
Co-production : Opéra national de Paris, The Metropolitan Opera, English concert
Paris, Palais Garnier – Soirée du jeudi 20 avril 2023, 19h – Version de concert