Complices au premier regard et moindre doigté, Ingmar Lazar et Igor Tchetuev nous offrent pour commencer – quel début, la suite ne sera pas mal non plus ! – une Fantaisie en fa mineur douce et claire. Fluide et colorée, émouvante et veloutée, elle parle au cœur, invoque la lumière de l’esprit et la lente et parfois – le largo plus ombragé – difficile articulation de nos vies. Par bonheur, il y a le sourire, la tendresse et le chant. Par bonheur, il y a Schubert. Et nos deux pianistes unis dans une seule et même vibration.
Et puis il y a maintenant cette barque où Debussy nous invite à monter. Sa Petite suite vibre à son tour, sereine, simple et ondoyante. Ses heureux reflets nous éclairent, nous bercent et nous emportent. Une traversée envoûtante, enchantée et parfaite, riche des harmonies et des évocations partagées sur le même clavier.
Après la balade impressioniste et le ballet debussyste, place au voyage autour du monde ! Grieg et nos deux pianistes nous entraînent dans les pas du héros d’Ibsen. La grandeur des paysages, puissants et variés, le souffle de l’aventure et de la découverte planent sur le piano où vivent aussi de nombreux personnages sous les doigts des duettistes. Ces airs, parmi les plus connus de Grieg, emportent le public.
Le voyage continue ! Nos deux artistes sont aussi complices qu’infatigables et le jeune Rachmaninov curieux de se frotter au monde et genres prisés de son époque. Une élégante tendresse et un romantisme souple, puissant et – deux fois ! – virtuose animent et composent ce précieux et méconnu bouquet, presque, final. Presque oui, car un dernier rayon de lumière se pose pour finir sur le ballet à 4 mains de la soirée : oui, le temps de Dieu est le meilleur des temps et ce choral d’un jeune Bach (22 ans) une vraie grâce finale offerte par un duo parfait. Bravo !
INGMAR LAZAR ET IGOR TCHETUEV
PROGRAMME
Franz Schubert (1797-1828)
Fantaisie en fa mineur D. 940
Claude Debussy (1862-1918)
Petite suite
1. En bateau
2. Cortège
3. Menuet
4. Ballet
Edvard Grieg (1843-1907)
Peer Gynt Suite n° 1 op. 46
1. Au matin
2. La mort d’Åase
3. Danse d’Anitra
4. Dans l’antre du roi de la montagne
Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Six morceaux op. 11
1. Barcarolle
2. Scherzo
3. Thème russe
4. Valse
5. Romance
6. Slava
En bis
Jean Sébastien Bach : Cantate BWV 106, Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit
Lundi 22 avril 2024 à 19h – Cercle France-Amériques, Paris – Hôtel Le Marois
Récital, initié par Maître Emmanuel Nommick Vice-Président de France-Amériques, Délégué à la Musique
Photos galerie © Vincent Baillais