Giulio Cesare in Egitto, de Haendel à Garnier

Retour à Paris de cette production de plus de 10 ans, relatant les amours contrariées de Jules César et Cléopâtre, sur fond de lutte de pouvoir pour la conquête du trône d’Egypte, où coups bas, bassesses et trahisons sont omniprésents. La m e s de Laurent Pelly nous laisse quelque peu sur notre faim. L’action se situe de nos jours dans la réserve d’un grand musée, dans sa section égyptologie, à l’intérieur de laquelle se meuvent (au milieu des protagonistes en costumes d’époque antique) les manutentionnaires qui charrient caisses, palettes, tapis ou portants…. durant les 4h15 que dure le spectacle. Cela manque cruellement de variété ! On mettra tout de même au crédit de cette proposition de beaux moments comme l’arrivée de Cléopâtre au 1er, allongée lascive et radieuse sur une immense statue ou bien au 3ème la traversée de la scène par une felouque caractérisant le sauvetage de César et son retour au Caire. Le casting était alléchant mais divise également quelque peu.Les deux contre-ténor, Lestyn Davies et Remy Bres, sont honorables dans leurs rôles de Tolomeo et Nireno, sans toutefois soulever les foules. C’est vers les voix féminines qu’il faut se tourner pour apprécier la soirée. Wiebke Lehmkuhl campe une Cornelia éplorée et revancharde. Le timbre de la contre alto allemande est soyeux, sa tessiture étendue et ses piani délicats. Emily d’Angelo confirme son aisance dans le répertoire baroque. Elle interprète un Sesto vengeur avec délicatesse. La palette vocale est large, les aigus gracieux et la projection très droite. Gaëlle Arquez dans le rôle-titre s’affirme définitivement comme une valeur sûre du moment. La mezzo nous offre sa voix charnue et profonde, déployée sur une gamme étendue. Le timbre chaleureux et la projection puissante flattent notre ouïe, mais on peut regretter une interprétation scénique de César manquant d’autorité. Enfin, la délicieuse Lisette Oropesa reste la réussite de la soirée. Ses moyens importants lui permettent de tenir ce rôle exigeant. Les aigus sont puissants et limpides, les vocalises habiles, les legato bien assurés. Souvent espiègle et facétieuse dans son interprétation scénique, elle parvient à faire sourire – à défaut de susciter l’émotion que certains arias justifieraient. Son grand air du 3ème, commencé a capella et tout en douceur avant de monter en puissance dans un registre rageur restera un beau moment lyrique. Enfin dans la fosse, Harry Bicket déçoit également. La conduite de son orchestre est quelque peu paresseuse et ne parvient pas à nous transporter. La soirée aura été juste passable donc, poliment applaudie par un public à l’enthousiasme modéré.

Giulio Cesare in Egitto

opéra en trois actes (1723)

Musique : Georg Friedrich Haendel

Livret : Nicola Francesco Haym d’après le Giulio Cesare in Egitto représenté à Venise en 1675 (texte de Giacomo Francesco Bussani, musique d’Antonio Sartorio)

Producteur : Opéra national de Paris

Direction d’orchestre : Harry Bicket

Mise en scène : Laurent Pelly

Distribution

Giulio Cesare (Jules César) : Gaëlle Arquez

Cleopatra (Cléopâtre) : Lisette Oropesa

Tolomeo (Ptolémée) : Iestyn Davies

Cornelia : Wiebke Lehmkuhl

Sesto Pompeo (Sesto) : Emily D’Angelo

Achilla : Luca Pisaroni

Curio : Adrien Mathonat Basse

Nireno : @Rémy Brès-Feuillet

Équipe artistique

Costumes : Laurent Pelly

Décors : Chantal Thomas

Lumières : Joël Adam

Dramaturgie : Agathe Mélinand

Direction de choeur : Gaël Darchen

Orchestre de l’Opéra national de Paris

Chœurs de l’Opéra national de Paris

Paris, Opéra Garnier – Soirée du jeudi 25 janvier 2024, 19:30

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