Fantasio, d’Offenbach à l’Opéra-Comique

Créé en 2017 et donné alors au Châtelet – la salle Favart était en travaux -, l’Opéra-Comique a la bonne idée de reprendre en son sein ce réjouissant spectacle, idéal pour aborder cette période de fêtes de fin d’année ! Pour sceller la paix entre leurs deux pays, le Roi de Bavière offre en mariage sa fille Elsbeth au Prince de Mantoue. Le jeune étudiant désargenté Fantasio décide quant à lui de prendre la place du défunt bouffon du Roi et, séduit par la princesse, de tout faire pour empêcher ce mariage contraint. Tiré d’une pièce de Musset, cette œuvre méconnue du maître de l’opérette et de l’opéra-bouffe est mise en scène par un Thomas Jolly inspiré et créatif. Les décors regorgent d’inventivités, une machinerie bien huilée fait apparaitre au gré des actes jardin couvert de bleuets, prison où l’on jettera Fantasio, accessoires de rue (et même théâtre ambulant) où s’égaie la population et moult ballons de baudruche roses. Le cadre général est teinté de couleur sombre mais, soutenu par une mise en lumières efficace et les costumes chatoyants des protagonistes, l’ensemble est finalement scintillant ! Le casting lyrique est de très belle facture. Tous les seconds rôles font bonne figure, avec une mention spéciale au Sparck du dynamique Thomas Dolié à la voix bien timbrée et à la désopilante Flamel d’Anna Reinhold et sa coiffure extravagante. Jean-Sébastien Bou, un habitué des lieux, campe un Prince de Mantoue pusillanime, doté de puissants moyens vocaux. La projection est droite, le timbre clair et l’amplitude très large. Sa diction est parfaite et il est doté d’un sens de la scène incontestable. Sa « promise » Jodie Devos est délicieuse. La soprano nous régale de ses aigus limpides, longuement tenus sans ostentation. Le timbre est clair, les trilles subtils et son vibrato parfaitement dosé. Elle sera longuement applaudie en fin de spectacle. Tout comme la plantureuse Gaëlle Arquez, travestie dans le rôle-titre ! Très à l’aise scéniquement, tant badine que mélancolique, elle déploie sa voix de mezzo sur un spectre très large. Les mediums sont chauds et colorés, les aigus puissamment projetés et sa gouaille irrésistible dans les passages parlés. Les deux grands duos avec Jodie Devos sont dignes des pièces maitresses d’opéra ! Laurent Campellone dirige avec enthousiasme l’Orchestre de Chambre de Paris et le chœur de l’ensemble Aedes. La partition s’avère très enlevée et tout le monde semble prendre du plaisir sur scène. C’est le cas également pour un public réjoui en ce soir de première et qui ovationne longuement artistes et techniciens aux saluts.

Fantasio, Jacques Offenbach

Producteur : Opéra Comique – Page officielle

Direction d’orchestre : Laurent Campellone

Mise en scène : Thomas Jolly

Distribution

Fantasio : Gaëlle Arquez

La Princesse Elsbeth : Jodie Devos Soprano

Le Roi de Bavière : Franck Leguérinel

Le Prince de Mantoue : Jean-Sébastien Bou

Marinoni : François Rougier

Flamel : Anna Reinhold

Spark : Thomas Dolié, baryton

Max : Yoann Le Lan

Hartmann : Virgile Frannais

Rutten : Bruno Bayeux

Le Tailleur : Bruno Bayeux

Le Garde Suisse : Bruno Bayeux

Équipe artistique

Répétiteur : Martin Surot

Décors : Thibaut Fåck

Costumes : Sylvette Dequest

Lumières : Antoine Travert, Philippe Berthomé

Direction de choeur : Mathieu Romano

Assistant Conductor : Guillemette Daboval

Assistant Stage Director : Katja Krüger

Assistant Chorus Master : Pier Lamandé, Iris Thion-Poncet

Assistant Costume Designer : Magali Perrin Toinin

Ensemble Aedes

Orchestre de chambre de Paris

Coproducteur

Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie

Opéra de Rouen Normandie

HNK Zagreb

Grand Théâtre de Genève

Paris, Opéra Comique Salle Favart – Mercredi 13 décembre 2023, Première – 19:30

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