À la mémoire de Camille Claudel de Kim Daeseong : un opéra sans paroles intense et fascinant

L’art est belle chose, qui nourrit la vie et que la vie nourrit. “L’œuvre de ma sœur, ce qui lui donne un intérêt unique, c’est que toute entière, elle est l’histoire de sa vie” dira Paul, le frère à l’attitude ambiguë, au sujet de sa soeur, Camille Claudel. 

La vie de la célèbre sculptrice inspire au compositeur coréen Kim Daeseong une œuvre unique, intense et captivante. Sa création mondiale le 4 octobre dernier, sous les doigts de Kim Dahee au piano et l’archet de Park Eunseo à l’haegeum, a non seulement recueilli un succès mérité mais aussi et surtout marqué durablement l’esprit et le cœur du public qui remplissait l’auditorium du Centre Culturel Coréen. 

Pour Kim Daeseong, une vie en musique est un opéra sans paroles. Camille Claudel lui souffle l’esprit d’un voyage sensible et charnel, subtil et envoûtant. L’amour, la passion, les courbes et les méandres que les mains de Camille maîtrisaient si bien, et mieux que son coeur, ressuscitent devant nous dès le Kyrie de Guillaume de Machaut joué en solo à l’haegeum. 

Initiée comme une prière, la vie de Camille se poursuit au piano où le destin appelle, dès la plus jeune enfance, la mélancolie : “Le chant d’amour”, “Pour la tristesse”, “Larmes noires”, “Valse triste”… Sur vingt numéros, tous aussi vibrants les uns que les autres, Kim Daesong tisse et peint la toile d’un récit parfait. Les climats alternent au gré des épisodes. La tension et l’action vont de pair. L’art et le rêve aussi. L’air au-dessus du piano est une glaise qui ondule au gré des mélodies. L’émotion constante nous pénétre. 

Riche, profond et coloré, le piano de Kim Dahee dit les atmosphères et chante les nombreux arias d’une vie d’oubli de soi, d’amour de l’autre et de passion pour l’art. Son clavier franchit les degrés qui mènent au monde de l’artiste, à cet univers qui n’appartient qu’à lui. Là où la vie intérieure épouse la beauté, la passion, la douleur. 

Posant des ponts entre Orient et Occident, la musique de Kim Daeseong est magique. Elle raconte autant d’histoires qu’elle révèle de secrets de l’âme, sans cesser de parler au cœur. Du grand art et une très grande œuvre que nous avons hâte de revoir et réentendre. En concert ou, pourquoi pas, au disque. Ce film en musique dure 70 mn. 

Concert – Création mondiale

“À la mémoire de Camille Claudel”

avec piano et haegeum

Kim Da-hee, piano

Park Eunseo, haegeum

Kim Daeseong, composition et arrangement 

Paris, Centre Culturel Coréen – Vendredi 4 octobre 2024

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