Retour à Paris de cette ancienne production d’Alex Ollé d’un des 3 opéras « populaires » de Verdi, vue ici même en 2016. L’impression générale est bien meilleure que celle laissée il y a 7 ans, notamment en raison d’un excellent casting ce soir. Nous retrouvons cette mise en scène où le décor est composé d’imposants blocs monolithes qui montent et descendent du plafond et figurent les lieux de l’intrigue : tranchées de combat, cimetières, cachots, etc. C’est esthétiquement réussi, soutenu notamment par une admirable mise en lumière. Mais c’est principalement aux artistes que cette représention doit son succès. Le casting des 4 interprètes majeurs est remarquable. Chez les hommes, le baryton Etienne Dupuis en Conte di Luna, témoigne une nouvelle fois de la richesse de son instrument. Ses moyens vocaux sont immenses, sa ligne de chant très droite. L’ampleur de son medium impressionne, le timbre est chaud avec un vibrato très net. Sa présence scénique étant par ailleurs irréprochable, il sera un des triomphateurs de la soirée. En Manrico, le ténor Yusif Eyvazov a subi quelques difficultés lors de la première partie. Le timbre est clair, la portée puissante mais ses aigus semblaient un peu tendus et les legato peu harmonieux. Bien meilleur après l’entracte, il a su poser sa voix et le duo du dernier avec Eleonora est merveilleux. Chez les femmes, très belle découverte à Paris de la mezzo Judit Kutasi qui présente une Azucena torturée mais orgueilleuse, tout à sa recherche éperdue de vengeance. Sa palette est large, la portée puissante surtout dans les mediums et basse. Sans faille dans sa prestation, elle récoltera une immense ovation aux saluts. Enfin, après ses débuts réussis à Paris dans la Léonora de La force du destin, c’est dans cette autre Leonora que la soprano Anna Pirozzi confirme la belle impression qu’elle nous avait laissée. Aigus surpuissants (presque trop forcés par endroits), timbre limpide, pianissimos délicats : elle excelle sur tous les registres. L’harmonie entre ces quatre interprètes est parfaite et répond à la promesse de cette œuvre supposée présenter les « 4 plus belles voix du monde » !! Dans la fosse, la direction de Carlo Rizzi est soignée, sur un tempo bien maitrisé avec un parfait respect des solistes lyriques. Les chœurs sont en ligne avec la qualité générale des artistes, et le spectacle longuement ovationné par une enceinte une nouvelle fois archicomble.
Le Trouvère – Giuseppe Verdi
Direction d’orchestre : Carlo Rizzi
Mise en scène : Alex Ollé
Décors : Alfons Flores
Direction de choeur : Alessandro Di Stefano
Costumes : Lluc Castells
Lumières : Urs Schönebaum
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Il Conte di Luna (Le Comte de Luna) : Etienne Dupuis
Manrico : Yusif Eyvazov
Azucena : Judit Kutasi
Leonora : Anna Pirozzi
Ferrando : Roberto Tagliavini
Ines (Inès) : Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Mezzo
Ruiz : Samy Camps
Un vecchio zingaro (Un Vieux Gitan) : @Shin Jae Kim
Un messo (Un Messager) : Chae Hoon Baek
Orchestre de l´Opéra national de Paris
Chœurs de l’Opéra national de Paris
Paris, Opéra Bastille – Jeudi 2 février 2023