Il est à peine plus de midi ce mardi quand le soleil se couche passage du Havre à Paris près de St-Lazare. L’astre du jour salue les ombres que ses rayons étirent. Chaque seconde a le goût de l’éternité et le parfum de ce qui ne reviendra jamais. Un air frais et léger vole sur l’onde chaude qui parcourt encore la terre sous nos pieds. Le Crépuscule de Mel Bonis nous saisit et nous emporte. La suite ne nous lâchera pas un seul instant. La grâce et le cœur.
Magicienne et conteuse a dit la Presse après ses premiers disques, Granados et Bonis. Elle a raison. À peine ses longs doigts fins prêts à épouser le clavier, un climat s’installe. Souple, délicate et déterminée, Myriam Barbaux-Cohen ne joue pas, elle sème des romances sans paroles, peint des tableaux invisibles, invite aux ballades immobiles, aux récits indicibles.
Bonis, Tailleferre, Chaminade, son programme met les femmes à l’honneur et notre cœur à l’ouvrage. La pianiste n’a pas attendu l’air du temps pour réveiller ces oeuvres libres et savantes où la musique épouse la liberté, mère de solitude et sœur d’évasion.
Sensible et raffinée a écrit Christian Lorandin. Il a raison. Avec Myriam Barbaux-Cohen, la musique qu’on croyait de salon, pure et simple convention, se fait voyage. Un voyage où la nature se fond avec l’éther quand les doigts de l’artiste épousent son clavier.
Récital de piano
Myriam Barbaux-Cohen
Programme :
MEL BONIS (1858-1937) :
Au Crépuscule opus 111
Une flûte soupire opus 117
Cloches lointaines opus 121
Ballade opus 27
La cathédrale blessée opus 107
GERMAINE TAILLEFERRE (1892-1983) :
Fleurs de France :
• Lavandin de Haute-Provence
• Jasmin de Provenco
• Bleuet de Picardie
• Rose d’Anjou
• Tournesol du Languedoc
• Volubilis du Béarn
• Anthémis du Roussillon
• Coquelicot de Guyenne
CECILE CHAMINADE (1857-1944) :
Poèmes Provençaux : Dans la lande , Solitude, Le passé, Pêcheurs de nuits
En bis : Fazıl Say (1970) Black Earth
Paris, Espace Georges Bernanos – Mercredi 6 novembre 2024, 12:45
