Les Brigands, d’Offenbach à Garnier

Très attendue, cette nouvelle production de l’opéra-bouffe du maitre du genre laisse un petit goût d’inabouti. Certes, Barrie Kosky s’est employé à colorer le spectacle d’une (légère) couche transgressive en transposant Falsacappa et sa troupe de brigands loosers dans le monde des drag queens et autres trans, et a réécrit une partie des dialogues pour nous situer dans l’actualité du moment. C’est souvent drôle, mais manquant parfois de finesse avec un air de déjà vu, certains gags répétitifs devenant pesants.

Visuellement, on en prend plein les yeux ! Sur un décor d’une scène de théâtre décrépie et quasiment dénuée d’accessoires, les nombreux protagonistes courent dans tous les sens, vêtus de costumes incroyablement bigarrés. Foutraque, la scénographie déjantée nous entraine dans un rythme virevoltant. Point d’orgue du spectacle : l’arrivée flamboyante des Espagnols en procession, vêtus de leurs parures dorées et dont la posture caricaturale est bien réjouissante. Plus discutable est l’intervention d’une comédienne en guise d’Antonio le caissier, qui déclame (en vers) un amusant pamphlet contre la gestion des finances par les équipes de Macron mais dont la diatribe traine en longueur et qui finit par chanter – alors qu’elle ne sait pas chanter.

Le casting est globalement de bonne qualité, avec un nombre important de chanteurs très (trop ?) investis dans leurs rôles. Philippe Talbot est désopilant en Comte de Gloria-Cassis, tout comme Laurent Naouri en chef des carabiniers. La soprano Marie Perbost se tire aisément du rôle de Fiorella avec une voix qui se chauffe au fil de la soirée pour déployer des aigus limpides et soutenus. C’est aussi le cas d’Antoinette Dennefeld dans son rôle en pantalon de Fragoletto, qui nous offre son timbre clair sur une palette étendue. Marcel Beekman campe un Falsacappa haut en couleur. Transformiste, le ténor néerlandais s’avère être aussi bon chanteur que comédien. La portée est large, la voix puissante et son cabotinage drolatique. Les chœurs sont remarquables et suivent le tempo frénétique impulsé à l’orchestre par Stefano Montanari.

Finalement une soirée festive, qui aura provoqué de nombreux rires dans le public mais pas un triomphe absolu aux saluts.

Les Brigands, Jacques Offenbach
Opéra-bouffe en trois actes
Musique : Jacques Offenbach
Livret : Henri Meilhac, Ludovic Halévy
Nouveaux dialogues écrits par Antonio Cuenca Ruiz
Monologue du caissier écrit par Sandrine Sarroche

Production : Opéra National de Paris

Direction d’orchestre : Stefano Montanari
Mise en scène : Barrie Kosky

Distribution

Falsacappa : Marcel Beekman
Fragoletto : Antoinette Dennefeld
Pietro : Rodolphe Briand
Antonio : Sandrine Sarroche
Le Comte de Gloria Cassis : Philippe Talbot
Le Baron de Campo Tasso : Yann Beuron
Le duc de Mantoue : Mathias Vidal
Le Chef des carabiniers : Laurent Naouri
Carmagnola : Leonardo Cortellazzi
Adolphe de Valladolid : Flore Royer
Barbavano : Franck Leguérinel
Domino : Éric Huchet
Le Précepteur : Luis Felipe Sousa
Fiorella : Marie Perbost
Princesse de Grenade : Adriana Bignani Lesca
Zerlina : Ilanah Lobel-Torres
Fiammetta : Clara Guillon
Duchesse : Helene Schneiderman
Une marquise licencieuse : Doris Lamprecht
Bianca : Maria Warenberg
Cicinella : Marine Chagnon

Équipe artistique

Direction de choeur : Chin-Lien Wu
Décors : Rufus Didwiszus
Costumes : Victoria Behr
Lumières : Ulrich Eh
Chorégraphie : Pichler Otto
Dramaturgie : Antonio Cuenca Ruiz

Orchestre de l´Opéra National de Paris
Chœur de l’Opéra national de Paris

Paris, Palais Garnier – Soirée du jeudi 3 octobre 2024

Compte-rendu : Cyril Malapert

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