C’est dans ce magnifique bâtiment à l’architecture futuriste (ressemblant à celui de Sydney) que nous est proposé ce chef d’œuvre trop rarement donné d’un des plus prolifiques compositeurs italiens d’opéras. Il conte le destin de Marie Stuart, reine d’Ecosse au 16ème siècle, emprisonnée durant 18 ans par Elisabeth reine d’Angleterre qui la fit mettre à mort finalement sur fond de rivalité amoureuse. Jetske Mijnssen signe une m e s sobre mais soignée. Minimaliste, le décor se présente sous forme d’une grande salle triangulaire au bout de laquelle se tient une immense porte par où entreront et sortiront les différents protagonistes, porte qui figurera également l’enfermement de Marie. Quasiment sans accessoire, la scénographie fait intervenir à plusieurs reprises des danseurs tout de blanc vêtus pour de jolies chorégraphies contrastant avec le drame qui se noue. Les costumes sont d’époque et la mise en lumières bien léchée. A dominante espagnole, le casting est de bon niveau. Le baryton-basse Manuel Fuentes propose un bienveillant Talbot, qui n’a qu’un air important mais l’assure avec éclat. Carles Pachón est un Cecil inflexible, déterminé à causer la perte de Marie mais qui dispose de moyens un peu limités pour cette vaste enceinte. Ce n’est pas le cas d’Ismael Jordi en Roberto. Le charismatique ténor espagnol déploie une voix au timbre net et précis. La tessiture est large, ses aigus puissants et il convainc parfaitement en Leicester épris de Marie qui fera tout pour sauver sa tête mais se heurtera à l’inflexibilité de la reine, elle-même amoureuse du comte. Cette reine Élisabeth jalouse et haineuse est campée par Silvia Tro Santafé. La mezzo – régionale du spectacle car native de Valence – est une monarque hésitante, partagée entre ses sentiments et sa conscience politique. La portée est convenable mais parfois un peu juste pour couvrir l’orchestre et les chœurs. C’est dans le bas médium et les piani qu’elle est la plus convaincante. En revanche dans le rôle titre, la soprano italienne Eleonora Buratto triomphe ! Dotée d’une large palette, elle fait rayonner des aigus limpides et cristallins. Quels contre-ut lors de son grand air du deuxième ! Les legato sont parfaitement maîtrisés, les vocalises pleines de dextérité et dans ce rôle si exigeant elle ne faiblira jamais – jusqu’au final où elle partira vers la mort fière et altière. Maurizio Benini dirige avec maîtrise un orchestre bien préparé. La partition est magnifique, elle recèle entre autres un sublime sextet. On remarque une jolie clarinette solo et des percussions toniques. Les chœurs sont parfaitement réglés et l’ensemble participe au succès d’une belle soirée, longuement ovationnée par un public espagnol venu en nombre.
Donizetti, Gaetano (1797-1848)
Maria Stuarda
Maurizio Benini, Direction
Jetske Mijnssen, Mise en scène
Ben Baur, Décors
Klaus Bruns, Costumes
Cor Vanden Brink, Lumières
Orquestra de la Comunitat Valenciana
Cor de la Generalitat Valenciana
Francesc Perales, Chef de chœur
Eleonora Buratto, Soprano – Maria Stuarda
Silvia Tro Santafé, Mezzo-soprano – Elisabetta
Ismael Jordi, Ténor – Earl of Leicester
Carles Pachón, Baryton – Cecil
Manuel Fuentes, Basse -Talbot
Les Arts, València, 16 décembre 2023